samedi 1 octobre 2011

Rencontres et prise de hauteur...


Ouarzazate

Je suis accueilli chez Jamal et sa famille. Jamal est un homme d'une extrême gentillesse et d'un calme impressionnant. Entouré de sa femme et de ses deux enfants débordants de vie, il accueille depuis 4 ans des dizaines de Couch surfers dans son modeste appartement à Ouarzazate. Mathématicien de formation, après 4 ans d'études il a jeté l'éponge et vends aujourd'hui des souvenirs et des bijoux dans une boutique du centre ville. Ecoeuré par la corruption et le chantage qui règne ici, il a refusé de payer les 20000 dirham (2000€) nécessaires pour obtenir un poste d'enseignant au Maroc. Lors de son concours oral me raconte t-il, 4 photos lui ont été présentées. Un homme avec barbe, une femme voilée, un homme imberbe et une femme sans voile. La question posée était d'assembler les photos par deux...Véridique... pour une entrée en tant que prof de maths au Maroc!! Jamal n'a pas sorti l'enveloppe avec les jolis billets dedans et a mis le monsieur barbu avec la femme voilée...On lui a montré la porte...il ne veut plus entendre parler de tout çà aujourd'hui et se contente de vendre des boucles d'oreilles aux "gazelles" et de jolis tapis aux "gazous"...

Voisin de Jamal je croise Pierre, un québécois vêtu d'une djellabah qui marche en titubant à moitié comme s'il avait vidé un tonneau de vin rouge. Pierre, aujourd'hui rebaptisé Youssouf, l'esprit ma foi très clair, me raconte quelques tranches de sa vie. Parti il y a quelques années du Québec à la recherche des derniers hippies au Népal, cet homme d'une cinquantaine d'année a traversé l'Europe, est passé par le Maroc et n'est plus jamais allé chercher ailleurs ces fameux amis chevelus disparus...il a épousé une berbère, s'est converti à l'islam et vient d'avoir un bébé il y a quelques jours. Il parle à peine arabe, sa femme ne parle pas français...Couple improbable,
Un tableau saisissant que de voir Youssouf Pierre passer son temps dans le salon de Jamal et lui lancer ses jurons en québécois. Notre ami Jaml du coup apprends le français de deux manières différentes...Une trajectoire de vie assez impressionnante, qui laisse ma foi assez perplexe...


Je poursuis ma route vers Marrakech ou Ahmed m'accueille. Travaillant dans une association d'aide aux enfants des rues, il me raconte sa difficile relation avec une française. Il fonde pour son couple des projets sur le long terme mais les conditions semblent assez particulières...Sa femme devra se convertir à l'islam, ne jamais aller voir un médecin homme, et "pas question de trouver une bouteille de vin dans le frigo" sic...Il est conscient que de telles exigences posent problème mais ce sont ses traditions, sa famille ne saurait accepter le contraire...Reste donc pour sa promise qui vit actuellement en France une série de choix à faire...Différence de cultures et parcours du combattant quand l'amour sort des frontières et mixe les religions...

Je quitte Marrakech et me lance dans l'ascension du Toubkal. Plus haut sommet d'Afrique du Nord, hormis l'altitude, cette montagne ne comporte pas de difficulté majeure. Longue marche en fond de vallée, les habitant grimpent dans les noyers et frappent les branches au moyen d'une longue perche pour faire tomber les noix. La vallée résonne du bruit de ses coups de bâtons et du piaillement des enfants qui dessous ramassent les noix qui une fois séchées seront vendues à Marrakech. Je continue ma marche et termine l'ascension en fin d'après midi dans une solitude absolue et un silence assourdissant. Monde minéral, brume de chaleur au loin, instant de plénitude seul là haut sur la montagne à regarder le soleil qui s'en va et le froid glacial qui s'installe.
Il est maintenant temps de remonter lentement vers le Nord, trajectoire du retour, l'entrain est différent, la motivation se fait plus discrète, je commence à me sentir plutôt bien dans ce joli pays...

Jamal et sa famille


Ouarzazate

Village D'Imlil au pied  du Toubkal


Toubkal, 4165m








Au petit matin...

dimanche 25 septembre 2011

Les sables de Merzouga et la palmeraie de Tineghir

Il y a des endroits dans le monde ou le tourisme de masse vous attends, de pied ferme et où tout vous pousserait à fuir au fond de la brousse pourvu que l'on vous laisse tranquille. Malgré cela, la beauté de certains lieux vous poussent à passer au dessus des quelques enquiquinements classique du routard qui, la gueule enfarinée, l'air un perdu débarque le nez au vent dans un bled dont il ne connait rien.

Merzouga fait partie de ces endroits ou l'on oublie très vite les faux touaregs qui viennent vous vendre des chameaux en plastique et vous promettre des raids inoubliables dans les sables marocains. Une fois perdu au sommet de la dune, on se dit que tout ces Km valaient bien la peine...L'Erg Chebi, l'un des deux Erg (désert de sable) marocain et le plus accessible, est vraiment de tout beauté. Sable d'une couleur rosée/jaune/rouge suivant la direction des rayons du soleil, les couleurs ici sont sublimes et fascinantes. Il est vrai que des traces au sol sont là pour nous rappeler que c'est aussi le paradis pour les randonnées en quad et les échappées sauvages en 4x4. Aujourd'hui je suis tranquille, seuls quelques randonneurs viennent partager le panorama et les bourrasques de sable qui vous fouettent le visage. Bien sûr histoire de ne pas déroger à la règle de tout européen jouant les aventuriers du samedi soir je vais aller m'ensabler dans un coin de dune et du coup passer la soirée avec tout un tas de nouveaux amis à essayer de sortir ma fidèle monture de son trou. Ce sera finalement grâce à un 4x4 que je pourrais reprendre la route. Baptisé, le camion repart et se gardera bien de s'approcher à nouveau trop près des sables...


Je continue la route vers l'ouest en direction de Tineghir. Une ville célèbre au Maroc pour la taille et la beauté de sa palmeraie. Un vrai labyrinthe de canaux entre lesquels on cultive maïs, courges, tomates, herbes aromatiques, une ballade bien agréable sous la fraicheur des palmiers et le chant des oiseaux.

Me voici à aujourd'hui à Ouarzazate avant de remonter sur Marrakech dans les prochains jours. Non je ne descendrai pas plus bas, il faut bien un jour penser à remonter vers le Nord histoire de ne pas se retrouver perdu dans les sables mauritaniens.

Les gorges du Ziz




Les dunes de l'Erg Chebi


Et voilà la tradition est respectée...pris au piège














Sur la route de Tineghir

La palmeraie de Tineghir





Sur la route de Ouarzazate

Les gorges de Dadès








Une préférence pour les allemandes

Souk hebdomadaire à Ouarzazate